Grâce à la topographie cornéenne, on peut recueillir des informations liées à la courbure et au relief de la cornée. Elle joue un rôle majeur dans le bilan préopératoire visuel. La chirurgie réfractive, à la différence d’une simple opération, ne constitue pas un acte ponctuel, mais plutôt une démarche. Chaque étape a une importance capitale que ce soit le bilan-préopératoire, l’opération. Mais le suivi postopératoire si on vise la stabilité du résultat est tout aussi important. En chirurgie réfractive au laser, la moins invasive des techniques, donc la plus prisée par le patient, la cornée constitue le principal centre d’intérêt. Notamment son stroma constitué essentiellement de fibres et de lamelles de collagène.
À ce propos, le Lasik est actuellement la technique la plus utilisée. En effet, par rapport aux techniques de surface comme le PKR, si on met de côté le résultat et l’innocuité de la technique, qui sont identiques, le Lasik offre une récupération visuelle plus rapide. Il procure également des suites opératoires plus confortables. En outre, il autorise une correction des troubles oculaires de degré beaucoup plus élevé. Quant à la cornée, elle peut présenter des anomalies ou des irrégularités la rendant strictement incompatible à la pratique d’une technique en particulier. Mais cela peut aussi concerner la chirurgie réfractive en générale. Ne pas les dépister à l’avance pour connaître la technique la plus adaptée peut mener à une complication rare, mais très grave. La cornéotopograhie ou la topographie cornéenne permet d’éviter en grande partie le problème. Il s’agit d’un un des tests essentiels s’adressant à la cornée en bilan-préopératoire.
Topographie cornéenne : la cornée, sa courbure, ses maladies rares, mais graves
La cornée, la partie la plus externe de l’œil, car en continuité avec la sclérotique est le premier dioptre de l’œil assurant jusqu’à 80 % de la puissance optique de celui-ci. Par les courbures de ses faces antérieures et postérieures ainsi que par sa transparence, elle fait entrer la lumière émise par un objet et la réfracte pour qu’avec l’aide du cristallin, l’image de celui-ci se projette parfaitement au centre de la rétine. Pour pouvoir assurer ses rôles la cornée qui est avasculaire, est protégée et nourrie respectivement par les paupières et le système lacrymal.
Une cornée saine a une courbure parfaitement régulière autrement dit ne présente ni creux ni bosses à ses surfaces. C’est à cette condition seulement que la correction des défauts de la réfraction par les techniques au laser, courantes, en particulier le Lasik, technique la plus performante, soit possible. C’est le cas d’une cornée anormalement constituée où la zone optique (zone centrale de la cornée) présente une régularité de courbure, mais trop bombée (cas d’un œil myope) ou trop aplatie (cas d’un œil hypermétrope) ou a la forme plus ovale que sphérique (cas d’un œil astigmate).
D’autres utilités de la topographie cornéenne
À propos des atteintes de la cornée, constituant des contre-indications strictes particulièrement au lasik, on peut citer, le kératocône (1/2000 cas détectés par an) et l’ectasie qui sont deux maladies de la cornée, plus ou moins liées. Toutes les deux, bien que rares, peuvent donner suites à des conséquences graves sur la vision. On peut les détecter avant l’opération par la topographie cornéenne sinon par des suivis post-opératoires réguliers et sérieux.
Le Kératocône est une maladie de cause et d’origine encore mal connues. Il s’attaque aux deux yeux et entraîne un amincissement progressif de la cornée ainsi que son bombement, la plupart des cas sous l’axe visuel. La cause possible avancée est la dégradation du collagène du stroma. Vue de profil, la cornée a ainsi la forme d’un cône. À ses débuts (stade latent) le kératocône ne présente aucun signe détectable, au stade fruste, les symptômes cliniques restent très fins et n’ont pas encore d’impact fonctionnel. Les signes ne seront visibles et le dommage sur la vision ne soit constaté qu’au stade avéré.
Quant à l’ectasie cornéenne, elle désigne le bombement signalé plus haut dû à la déformation progressive de la cornée. Elle fait suite à une chirurgie Lasik effectuée sur une cornée à kératocône fruste non détecté. Elle entraîne une dégradation inexorable de la vision pouvant requérir une greffe de la cornée pour éviter la perte de l’œil.
Principes de la cornéotopographie ou topographie cornéenne
La topographie cornéenne permet d’obtenir une « carte de la cornée ». A partir de laquelle on sera en mesure de déterminer si la cornée présente des déformations indiquant la présence d’un kératocône ou d’ectasie. De cette façon, on peut alors identifier la technique adaptée à la correction en présence de kératocône ou la prise en charge de la maladie en cas d’ectasie post lasik.
Concrètement, l’examen consiste à mesurer les rayons de courbure de la cornée sur différents endroits. À cet effet, plusieurs appareils sont utilisés. Cela va des plus anciens qui sont plus simples aux plus récents qui sont en toute évidence, plus performants. On peut citer :
Le topographe cornéen de courbure
Il fait ressortir une carte photographique spécifique de la cornée antérieure avec des relevés représentés par différentes couleurs. Par convention, les couleurs chaudes représentent les surélévations et les couleurs froides les dépressions. Ainsi, on peut déterminer de façon précise la localisation et l’importance de l’ectasie. Toutefois, ces types de systèmes topographiques de courbure (basés sur le disque de Placido) ne donnent que les caractéristiques de la surface antérieure de la cornée. Ils ne montrent pas la forme spatiale de la cornée ainsi que les caractéristiques de la face postérieure.
Les systèmes de topographie d’élévation
Les plus récents comme l’Orbscan et le Pentacam, sont conçus pour faire ressortir une carte tridimensionnelle représentant les caractéristiques de la face antérieure et postérieure de la cornée. Par l’exploitation des données obtenues, le dépistage très précoce d’un kératocône ainsi que la détermination si la cornée est capable de subir le traitement laser ou non, sont devenus possibles. Cela amenuise également les risques.
Le topographe Orbscan
permet entre autres de connaître si la surface postérieure de la cornée est suffisamment saine pour pouvoir supporter la technique envisagée.
La topographie Pentacam
sans doute la plus avancée technologiquement, elle permet entre autres d’obtenir des données personnalisées sur la nature des tissus cornéens du patient avec une précision inégalée. Ceci aide énormément le chirurgien sur le choix de la technique au laser et le protocole à suivre au cours de l’acte chirurgical.
Les systèmes topographiques d’élévation
Ils fournissent déjà les données sur l’épaisseur de chaque partie de la cornée pouvant être concernée par l’intervention (pachymétrie).
Ainsi donc, les topographies cornéennes de courbures et d’élévation sont essentielles pour améliorer la qualité et la stabilité des résultats et réduire les risques pré-opératoires lors de correction des troubles visuels par la chirurgie réfractive de la cornéenne. Elles permettent de dépister à temps l’ectasie cornéenne ou le kératocône post-Lasik pour pouvoir choisir la technique la moins compliquée dans la prise en charge de la maladie débutante (lentille au lieu de greffe de la cornée).