Comme toutes les techniques contre les défauts visuels, il y a aussi des intérêts et des limites à recourir aux implants phakes. La myopie forte définie par -8 dioptries à plus de -20 dioptries, une distance entre la cornée et la rétine pouvant aller jusqu’à 30 mm (23 mm pour un œil normal), rend l’œil fragile. Ainsi, on considère la myopie forte comme la quatrième cause de la malvoyance en France. Par ailleurs, sur le 45 % de Français myopes recensés, les 5 % sont des myopes forts. Les personnes touchées vivent la myopie forte comme un véritable infirmité. Cette dernière les oblige à porter des lunettes inesthétiques, ou des lentilles qui leurs deviennent souvent intolérables à long terme. Par conséquent, la demande de chirurgie dans ce sens est fréquente.
À ce propos, les techniques chirurgicales proposées sont variées. Et contrairement aux lunettes et lentilles elles corrigent le défaut de manière définitive. Il y a le Lasik qui, lorsque les conditions de réalisation sont bien remplies, est très efficace pour la myopie ne dépassant pas -12D. Au-delà, les résultats deviennent incertains. Effectivement, le laser est programmé pour ne pas dépasser cette limite. On doit alors recourir aux implants intraoculaires. Toutefois, bien que ces derniers aient donné entière satisfaction en termes de résultats, ils comportent tout de même des risques. Comme toute chirurgie d’ailleurs.
Les implants phakes
Avec les implants phakes, le chirurgien ne retire aucun élément de l’œil. Il les introduit dans l’œil avant le cristallin, soit derrière (chambre postérieure) ou devant (chambre antérieure) de l’iris, par acte chirurgical. C’est une opération à globe ouvert contrairement au Lasik. Ces types d’implants sont indiqués pour la correction des myopies fortes et même peu importantes, avec ou sans astigmatismes forts, quand le laser est contre-indiqué.
Une fois, les examens préopératoires achevés, déterminant la faisabilité de l’opération et le modèle d’implant convenant au patient, l’implant est en principe fabriqué sur mesure.
Les implants de la chambre antérieure sont, soit clippés à l’iris comme l’implant rigide Artisan et sa version souple Artiflex, soit prenant appui dans l’angle irido-cornéen comme l’implant souple, récent Acrysof.
Les implants de la chambre postérieure, l’ICL, souples et pliables se placent d’eux-mêmes entre l’iris et le cristallin après leur déploiement, une fois introduits dans l’œil.
Les plus pratiqués par les chirurgiens sont les implants ICL Visian. Sa version de dernière génération V4 est munie d’un petit trou central, conçu pour prévenir une hypertonie post opératoire.
L’implant Artisan est le plus ancien, mais sa mise en place est plus difficile par rapport à celle de la version flexible Artiflex, du fait de sa rigidité.
L’implant Acrysof qui semble être toléré par l’œil n’a que très peu de recul (apparu en 2010) pour être pris pour le moment, en considération.
Les intérêts des implants phakes
Tous les implants phakes présentent des atouts communs.
Leur implantation constitue des actes chirurgicaux additifs, donc réversibles. Leur remplacement par d’autres modèles est possible, en cas de problème. Il est possible de compléter cet acte par un traitement laser ultérieur (Biopic), en cas de besoin. Ce sont des raisons constituant un gage de sécurité pour le patient. Les implants étant conçus suppléer au pouvoir optique du couple cornée/cristallin pour ramener l’image d’un objet sur la rétine, leur implantation ne menace ni la rétine ni le nerf optique et ne modifie pas la structure de la cornée. En laissant le cristallin en place, les implants préservent le pouvoir accommodatif naturel de ce dernier ou de ce qu’il en reste.
La chirurgie des implants permet de corriger des myopies importantes. Elle se fait sans douleur sans avoir besoin d’une hospitalisation et s’accompagne de suites très confortables et d’une récupération visuelle rapide (en 24 h) et n’entraînent pas de sécheresse oculaire post-opératoire. Bien que les implants ne traitent pas le défaut visuel, ils permettent d’obtenir une acuité visuelle excellente. Celle-là sera semblable à celle que permet d’avoir la lentille. En même temps, elle permet au patient de totalement ou partiellement se libérer des ports de lunettes.
Un excellent résultat avec les moindres contraintes
Ainsi, réalisée par la bonne personne, respectant toutes les conditions requises (contre-indication éliminée, plate-forme et environnement chirurgicaux aux normes exigées) c’est une technique comportant suffisamment de sécurité pour un résultat excellent avec les moindres contraintes.
Le succès des implants ICL (apparus en 2013), bien que n’ayant pas autant de recul que les implants Artisan (recul de plus de 20 ans) et Artiflex (2008), s’explique par les avantages qu’ils offrent. On peut citer notamment une pose plus rapide car l’opération dure tout au plus 15 mm. Il reste invisible de l’extérieur étant petit et placé derrière l’iris. En outre, il prévient l’hypertension oculaire, du moins la dernière génération. Il présente aussi la meilleure compatibilité avec l’œil grâce à la présence de collagène contenue dans le collamer. (Pour rappel, c’est l’un de ses constituants).
Cet implant protège l’œil contre les rayons nocifs et permet une grande précision des résultats. La plupart du temps, il procure un taux de satisfaction de 98 % pour pratiquement une indépendance totale aux lunettes et lentilles. Et pour terminer, il préserve l’endothélium de la cornée dont le changement en forme et la diminution en nombre peut entraîner l’opacification de cette dernière. Notons que cette opécification peut aboutir à un œdème.
Complications, inconvénients, et effets secondaires des implants phakes
La chirurgie des implants pour assurer sa réussite, demande une grande maîtrise de l’acte de la part du praticien, or le nombre de chirurgiens qui la pratique est encore insuffisant, elle requiert également de laboratoires d’analyse équipés des technologies avancées. De ces faits, c’est une chirurgie chère, mais non remboursable par la Sécurité Sociale. De plus, c’est une chirurgie à globe ouvert avec les risques qui en sont liés.
Quand il y a observance de ces indications, on parvient à gerer et à prévoir les complications de l’ordre de 5 %. Quoi qu’il en soit, les risques et complications sont principalement liés :
À l’opération elle-même
Celle-ci peut entraîner des infections pouvant être minimes, mais également graves. Lors des manipulations au cours de l’insertion des implants, des traumatismes de la cornée et du cristallin, sont possibles et ont pour conséquence leur opacification. Une fixation inadéquate (lentilles de la chambre antérieure) peut conduire à une ré-intervention.
Au site d’implantation
À court ou à long terme, les lentilles intraoculaires placées dans la chambre antérieure peuvent provoquer l’irrégularité et la réduction progressive du nombre de cellules endothéliales (surtout l’Acrysof) pouvant exiger le retrait de l’implant. Ce problème est prévenu par le comptage tous les 6 mois de ces cellules par microscopie spéculaire. L’implant Artisan peut induire l’apparition d’astigmatisme. Les implants ICL, de la chambre postérieure peut entraîner l’apparition d’une cataracte précoce, nécessitant également le retrait de l’implant. C’est la raison du contrôle annuel à faire.
À l’implant
Comme c’est une lentille, sa puissance peut être inadaptée, ce qui va nuire au résultat escompté et nécessiter le remplacement de l’implant ou un traitement complémentaire par laser. Avoir la bonne taille est un problème qui se rencontre surtout pour les implants ICL. Ces problèmes induisent le contact avec les structures intraoculaires qui pourront alors subir un traumatisme, ou bien la cataracte prématurée, etc. Une échographie à haute fréquence (UBM) en bilan préopératoire aide à avoir la taille adéquate. En cas de souci, le remplacement de l’implant constitue une bonne solution.
Les effets secondaires
Les effets secondaires sont souvent liés à la diffraction de la lumière par la lentille et la taille de la pupille. Ils peuvent être des halos, de vision dédoublée, de l’éblouissement. Ils sont en général peu gênants et se résorbent avec le temps. Dans le cas contraire, le retrait de la lentille est la seule solution. Il y a également le risque d’hypertonie oculaire immédiate ou post-opératoire. Dans ce cas encore la pratique de l’iridotomie s’avère une bonne solution.
Enfin, au vu de ce qu’on vient de dire, et du temps de recul encore insuffisant pour que le chirurgien ose déterminer avec certitude le choix de l’implant, il semble que l’implant de la chambre antérieure convienne plutôt aux personnes au-delà de la quarantaine. Ceci pour éviter une cataracte précoce. L’implant de la chambre postérieure est préférable pour le patient jeune approchant la trentaine. Pour cette catégorie de personne, la protection de la cornée postérieure peut constituer une priorité.